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A ce jour notre métier reste hautement sensible aux aléas et se complexifie, en témoigne la crise du covid début 2020 et la brusque nécessité de stocker deux récoltes de lin, la filasse ne pouvant pas être exportée en Chine.
L'entraide
Mon grand-oncle Marius était employé chez Timothée Bellet. Il le suivra de sa ferme d’Epreville jusqu’à l’installation à la Ferme, Rue de la Poste à Goderville.
Salarié fidèle, Marius aura eu la chance d’être aidé par Timothée pour s’installer Agriculteur. Il lui fera crédit des premières vaches pour son installation dans la petite fermette sous le viaduc de Mirville, où mon père fera ses premiers pas.Pendant la seconde guerre mondiale, Marius sera mobilisé. Timothée prendra les décisions pour la ferme pendant son absence.
Un métier nécessitant une véritable dévotion
Avant guerre, le tracteur se faire rare dans la région. Les chevaux de trait sont sollicités pour la traction des outils.
Le labeur est rude à cette époque pour l’Homme et l’animal.
A l’heure du bien-être animal dans notre société, certaines conditions n’auraient pas été tolérées.
Quand à l’agriculteur, la fatigue du corps liée à l’exercice a davantage laissé la place aux risques psychosociaux liés à la complexité du métier et à la difficulté à être compris.
Des éleveurs reconnus
Timothée, l’arrière grand-père, passionné d’élevage est reconnu pour ses qualités d’éleveur. Il recevra plusieurs prix pour cela.
« Mon père est un homme curieux, il s’intéresse de près aux nouvelles technologies, agriculteur de progrès, éleveur de chevaux de qualité, voire d’étalons reproducteurs. Il procède de même avec les bovins; tous les deux ans, il achète de jeunes taureaux de qualité. Il se forge ainsi une renommée, il est reconnu pour avoir un des meilleurs cheptels de la région. Sa réussite est couronnée par la médaille du mérite agricole en 1948 »
Papi André, 100 ans en Mai 2021
En 1967, Ce sera Papi André qui obtiendra l’ordre du mérite agricole!
Faire face aux aléas
« Je me souviens en 1932…
Le blé ne se vendait plus. Tous les paysans avaient le blé battu, stocké dans le grenier. 1933 : la récolte en grange et même en meule.
1934 : Récolte en terre
1935 : les blés en gerbe sont stockés dans les granges ainsi qu’en meules dans les champs. Trois années de récolte stagnent par ci par là.
Plusieurs agriculteurs des cantons de Criquetot L’Esneval et Goderville formèrent un groupement coopératif pour faire un silo à Criquetot L’Esneval et stocker dans les meilleures conditions possibles tout ce blé.
En effet, entreposé dans les greniers, le blé courrait le risque de pourrir ou d’amener des charançons. Il faut alors aérer le grain et cela représente une masse considérable de travail. Pendant tout ce temps, les agriculteurs n’ont pas de rentrées d’argent. Le cauchemar du banquier naît…J’ajoute qu’à l’époque, la demande ou l’octroi d’un prêt bancaire n’est pas monnaie courante »
Papi André, 100 ans et ancien Président de la caisse du Crédit Agricole à Goderville.
Eleveur, un métier d’assiduité et de bon sens
« Nous tirons le lait à la main. La traite a lieu le matin et le soir, sept jours sur sept. Cela occupe trois personnes par jour. Il faut nettoyer les étables tous les matins, de Novembre à Avril. Les bêtes sont nourries deux fois par jour. Quand le printemps est bien installé, les vaches mangent suffisamment au pré de l’herbe et du trèfle »
Nous aurons toujours besoins des paysans
Mon grand-père était 1er Charretier dans la ferme des Carpentier à Saint Léonard (76), un poste stratégique sur une ferme à l’époque.
Il devait acheter une petite ferme et comme cela arrive, quelqu’un a renchéri. Il quittera alors l’ Agriculture pour embrasser la carrière de douanier.
Vint la 2nde guerre mondiale et mon grand-père sera affecté à Thonon-Les-Bains.
Mes grands-parents habiteront alors dans la mansarde d’une maison bourgeoise où vivait Pierre Pfimlin, Juge d’instruction, et sa famille. En cette période rude, ils se lieront d’amitié et feront des échanges de bons procédés. Pierre Pfimlin deviendra notamment le parrain de mon père. La famille aidera mes grands-parents et ma tante à gérer l’arrivée de mon père, tandis que mon grand-père, homme de la terre et débrouillard, cultivera et accomplira des tâches dans les montagnes pour apporter aux deux familles de quoi se nourrir. Mon père aura fait ses premiers pas en barboteuse et appris à marcher avec les chaussures d’Etienne Pfimlin, Ancien Président du Crédit Mutuel!
Après la guerre, Pierre Pfimlin deviendra notamment Ministre de l’ Agriculture, Maire de Strasbourg puis Président du Parlement Européen.
Mon prénom me viendrait également de la rencontre avec une journaliste américaine dans les couloirs du Parlement à Strasbourg.
J’apprendrai ces anecdotes uniquement bien après l’obtention de mon diplôme d’Ingénieure en agriculture.
L'urbanisation
Mamie Irène vendait chaque jour jusqu’à 100 litres de lait par la fenêtre qui donnait Rue de la Poste, en plein centre bourg de Goderville.
Des vaches en centre bourg! Oui c’était possible dans une commune dont l’activité dominante était l’agriculture!
Peu à peu les petites fermes de Goderville et les lieux importants pour les activités agricoles (les 3 abattoirs, le champ de foire…) cédèrent la place au béton.
Philippe s’installera dans un corps de ferme à 1 km à vol d’oiseau.
L'agriculture : une histoire d'hommes
L’ Agriculture, c’est avant tout une histoire d’Hommes, de territoires, de famille.
Marius (à gauche de la photo), c’est mon grand oncle. Moi, Marjorie, je ne l’ai jamais connu. Comble du hasard, je découvre à mon entrée en Ecole d’Ingénieurs à l’Esitpa qu’il avait été le salarié d’un certain Timothée Bellet (à droite) à Goderville, né en XXXX.
Timothée Bellet c’était aussi le prénom de mon parrain d’école, fruit d’un tirage au sort dans cette école d’Ingénieurs! Première réaction de mon père qui me parlait de Goderville lorsque j’étais enfant : « Timothée Bellet, ce n’est pas possible, je l’ai connu enfant et je peux te dire qu’il est mort… ». Sauf qu’il est courant de donner le prénom d’un aïeul à un enfant…
Tout ça pour dire que l’agriculture et mon histoire m’ont rattrapés par surprise, moi urbaine rouennaise de naissance!
André Lambert, mon grand-père
Le 1er charretier conduisait les meilleurs chevaux et était en charge de l’organisation. Aujourd’hui ce métier s’apparenterait au métier de chef de cultures.
L'adaptation des fermes
Début 2000, une nouvelle étape : le remembrement engendrera un remaniement des parcelles entre les exploitants ainsi qu’un prélèvement de foncier à titre gratuit par exploitant de 3% des surfaces agricoles. La déviation de Goderville segmenta alors le parcellaire de la ferme, l’urbanisation augmenta et en conséquence le nombre de nouveaux voisins qui s’installant parfois parfois définitivement comme pour quelques années.
Un peu plus tard, une parcelle sera cédée pour laisser place à la station d’épuration
« Le travail de l’exploitant change très vite. Nous abandonnons les chevaux pour utiliser des tracteurs. Nous achetons du gasoil à la place de l’avoine! »
Avec l’arrivée du travail et l’usage des énergies fossiles, nous avons quelque peu oublié qu’une partie de l’assolement de chaque ferme a toujours été utilisé pour l’énergie! mais alimentaire! celle nécessaire aux chevaux et aux bovins pour la traction!
Notre vision à ce jour : nous devons en tant qu’agriculteur produire l’énergie possible dans une visée d’économie circulaire. Aussi nous produisons depuis déjà 10 ans de l’énergie solaire et prochainement du gaz vert au travers d’un projet de méthanisation collectif à 14 fermes d’élevage. Nous valoriserons principalement les fumiers et lisiers des fermes locales pour le local!
Les agriculteurs à la guerre
“Douze heures de jour, douze de nuit, un broc pour boire, de l’espèce de choucroute qui sent mauvais. Nous n’avons rien à manger, nous n’avons pas d’appétit alors que nous travaillons énormément.
“
Mon père, Michel, à la Ferme de Mirville chez Marius avec le cheval Bijoux
La révolution : l’arrivée du tracteur
En 1939, Grand-père Blondel sera précurseur et achètera le premier tracteur de la région!
Le tracteur sera une véritable avancée pour les paysans, mais aura pour conséquence la diminution inévitable du nombre de chevaux de trait. Le cheval deviendra le loisir que l’on connaît et non plus une nécessité, un « outil ». Paris aurait d’ailleurs été habité par plus d’1 millions de chevaux à la belle époque.